Un, deux, trois...Nouvelle !
Et si le plus court chemin vers l'écriture était la nouvelle ?
Elle a été pour moi un chemin déterminant dans mon parcours d'écriture, une porte qui m'a ouvert un monde.
Retour sur ces premiers pas, qui pourraient être les tiens...
Je suis tombée dans le chaudron de la nouvelle à l'adolescence.
Une vraie potion magique pour qui aime ces instantanés de vie, ces vignettes psychologiques qui te restent dans la rétine et ne te lâchent pas.
Raymond Carver, Tonino Benacquista, Claire Castillon...s'invitent dans ma bibliothèque.
Peut-être qu'ils sont dans la tienne aussi ?
En quelques pages, pas besoin de tout dire, de tout raconter, mais juste mettre en lumière un motif du tissu, ce pli particulier dans lequel un personnage va trébucher et puis se relever (ou pas).
Ma première nouvelle publiée paraît dans un recueil collectif édité par France Loisirs dans le cadre d'un concours. C'est la fin des années 80, je dois avoir 13-14 ans. Je vais recevoir mon prix à Paris, dans les locaux de France Loisirs, avec ma mère. J'ai des images de Tour Eiffel, de ciel gris et de pluie. Ce doit être la fin de l'automne. Nous avons pris le train et le taxi, payés par l'organisateur. Il y a des petits fours et des discours.
Des débuts de VIP, non ?
C'est étrange car je ne me rappelle pas le nom de la nouvelle. Je n'ai aucune trace numérique du texte. Je n'ai plus d'exemplaires du livre. Je me souviens juste que ça parle d'une personne qui a décidé de se suicider et arpente la ville jusqu'au pont d'où elle se jettera.
Pas gai, tu me diras.
Pourtant, pas de mort ou de suicide dans mon entourage, mais, à cet âge, écrire l'idée de la mort, omniprésente et abstraite, illustre et répare - un peu – mon mal-être adolescent.
Allez, avoue, je suis sûre qu'il y a aussi dans tes tiroirs quelques feuillets de ce type...
Après, je lis et je lis encore, j'analyse les processus d'écriture, je suis des masterclasses, j'écoute ce que d'autres auteurs partagent de leur parcours d'écriture, devant la page. J'expérimente, je rate, je laisse des choses inachevées, j'en termine d'autres.
Ma deuxième nouvelle publiée paraît bien plus tard, en 2010. Elle aussi dans un recueil collectif, édité par la Passe du Vent. Elle fait partie des nouvelles lauréates du concours Quelles nouvelles, organisée par l'espace Pandora.
La nouvelle s'appelle "Madeleine". J'y raconte le quotidien d'une vieille dame en Ehpad, entrecoupé de réminiscences de l'amour fou qu'elle a pour son mari, défunt.
Si l'observation du quotidien de ma propre grand-mère en Ehpad a alimenté l'écriture, celle-ci ne s'y réduit pas.
Je touche du doigt le pouvoir du point de vue, la force du personnage, l'épaisseur des lieux, le déroulé du temps, tous ces élements que je reconstruis avec mon imaginaire et qui donnent à l'histoire sa vie propre, sa respiration singulière.
C'est moi qui parle, et en même temps, ce n'est pas moi.
Je parle depuis un autre endroit, qui est plus grand que moi, et c'est pour ça que je peux t'atteindre quand tu me lis.
Avec cette nouvelle, j'entre en écriture.
Le mois prochain, je te parlerai de l'étape d'après, mon premier recueil de nouvelles en solo, publié en 2017, aux Editions sur le Fil.
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